Le gouvernement l’avait discrètement annoncé, il l’a officialisé samedi 2 décembre 2017 au journal officiel. Le taux du Livret A restera bloqué jusqu’à fin janvier 2020 à 0,75%. Retour sur un sale coup (coût !) pour les épargnants…
Les derniers espoirs des épargnants se sont effondrés samedi 2 décembre 2017. Le Père Noël n’existe pas ! Après avoir confirmé le maintien de la prime de Noël, versée le 18 décembre, le gouvernement vient d’officialiser le statu quo pour les taux de l’épargne réglementée jusqu’à fin janvier 2020.
Oubliée la fameuse formule de calcul permettant d’assurer aux détenteurs du Livret A le maintien de son pouvoir d’achat. Mise de côté la possibilité d’y déroger pour le gouverneur de la Banque de France en cas de circonstances exceptionnelles. L’argument invoqué se trouve du côté du financement du logement social. Marchés Gagnants vous fait le résumé de l’histoire en parodie…
– Les loyers sont trop chers !
– Il faut les baisser !
– Mais comment ?
– Rabotons les aides au logement !
– C’est fait, mais les Français ne sont pas contents…
– Montrons l’exemple. Dans les HLM, baissons les loyers comme les aides au logement. Comme ça, on pourra dire qu’il n’y a pas de perdants parmi nos compatriotes…
– On peut le faire, mais les organismes de HLM vont dire que cela leur pose un problème financier. Ils vont avoir moins de recettes et tout autant de charges…
– Baissons donc les charges de financement. Le livret du Livret A devrait remonter si l’on applique la règle de calcul. Et bien, ne l’appliquons pas. Et jouons sur l’argument de la visibilité…
La règle suspendue en attendant la prochaine…
Samedi 2 décembre, un arrêté publié au journal officiel officialise les taux applicables désormais. 0,50 % pour le compte épargne logement (CEL), 0,75 % pour le Livret A et son cousin, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). 1,25 % pour le Livret d’épargne populaire (LEP).
Des taux applicables officiellement jusqu’à fin janvier 2020 et, vraisemblablement, jusqu’à la prochaine réforme. Car derrière les discours officiels, se cachent une réalité. Le Livret A, désormais distribué par toutes les banques, sert beaucoup à financer… les banques. Fin décembre 2016, sur les 406 milliards d’encours du fonds sur le Livret A et le LDDS notamment, 169 restaient dans les comptes des banques. Le solde se trouvant dans le fonds d’épargne piloté par la Caisse des dépôts. Et dans les 182 milliards affectés à des prêts d’intérêt général, une partie n’est pas directement fléchée vers le logement social.
En maintenant le taux du Livret A bas, le gouvernement évite donc aux banquiers d’avoir à payer trop cher l’argent. Le geste est d’autant plus important que via un amendement au projet de loi de finances pour 2018, il veut mettre fin à la politique dite de « surcentralisation » (NDLR : rien à voir avec la décentralisation …) ! Explication : si elle ne veut pas disposer de sa part des ressources – aux alentours de 35 % en moyenne – et payer les intérêts correspondants, la banque peut refiler tout l’argent au fonds d’épargne ! Et au logement social ! Certains ne s’en privent pas… Or, de l’argent pour financer le logement social, il n’en manque pas tant que ça !
L’épargnant, dindon de la farce
Pour résumer :
– On tape sur les locataires en leur faisant un cadeau par ailleurs …
– On tape sur le logement social en lui faisant un cadeau par ailleurs..
– On tape sur les banquiers en leur faisant un cadeau par ailleurs…
– On tape sur les épargnants … Point final
Preuve que le Père Noël n’existe pas, il y a tout loin de penser que l’ancienne formule ne sera jamais réactivée. Et que la prochaine ne garantira plus le pouvoir d’achat des détenteurs. Dès à présent, ces derniers perdent d’ailleurs de l’argent avec le Livret A
Le conseil de Marchés Gagnants :
Une gestion saine de son patrimoine impose d’avoir une épargne de précaution. Et le Livret A est un produit adapté pour cet objectif. Vu le niveau de rémunération -le coup de Bercy se transformant en coût pour l’épargnant – , la principale question à se poser est de bien évaluer le montant de son épargne à ainsi scléroser. En règle générale, Marchés Gagnants considère qu’un Livret A (environ 11 000 euros) est largement suffisant. Au-delà, selon notre méthodologie, il faut penser investissement.
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